Une autobiographie by Agatha Christie

Une autobiographie by Agatha Christie

Auteur:Agatha Christie
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Le Masque
Publié: 2019-10-15T00:00:00+00:00


J’avais donc maintenant écrit trois romans, j’étais heureuse en ménage, et ce qui me tenait à cœur était de vivre à la campagne. Or, Addison Mansions se trouvait loin du parc. Pousser le landau jusque-là et revenir n’était pas une mince affaire, ni pour Jessie Swannell ni pour moi. De plus restait un problème, définitif celui-là : les appartements étaient voués à la démolition. Ils appartenaient à Lyons, qui avait l’intention de bâtir de nouveaux locaux sur le site. C’est pourquoi les baux n’étaient que trimestriels. À tout moment, nous pouvions recevoir l’avis de destruction prochaine. En fait, trente ans plus tard, notre immeuble d’Addison Mansions était toujours debout – bien qu’il ait disparu, aujourd’hui. Cadby Hall y règne à sa place.

Parmi nos autres activités du week-end, Archie et moi partions parfois en train pour East Croydon afin d’y jouer au golf. Je n’avais jamais été experte et lui-même n’avait que fort peu pratiqué, mais il se prit de passion pour ce sport. Au bout de quelque temps, nous allions presque tous les week-ends à East Croyden. Je n’y voyais pas d’objection, si ce n’est que la découverte de nouveaux endroits et la diversité de nos longues promenades me manquaient. Ce choix dans nos loisirs allait finir par changer radicalement le cours de notre existence.

Archie et Patrick Spence – un ami qui travaillait aussi chez Goldstein – devenaient tous deux assez pessimistes au sujet de leur emploi : les perspectives d’avenir promises, ouvertement ou non, tardaient à se réaliser. On leur proposait bien certains postes de direction, mais il s’agissait toujours de firmes déjà malades ou au bord de la faillite.

– Ces gens-là sont une bande d’escrocs, dit un jour Spence. Le tout en parfaite légalité, bien sûr, mais ça sent mauvais, tu ne trouves pas ?

Archie répondit que certains agissements n’étaient peut-être pas des plus honorables, en effet.

– J’aimerais bien, fit-il pensivement, changer un peu d’air.

Il aimait la vie dans la City, avait les qualités pour réussir, mais à mesure que le temps passait, il devenait de moins en moins enthousiaste vis-à-vis de ses employeurs.

C’est alors qu’un événement tout à fait imprévu se produisit.

Archie avait un ami qui avait été professeur à Clifton, un certain major Belcher, un sacré personnage doté d’un incontestable talent de bluffeur. Il avait, selon ses dires, obtenu à l’estomac le poste de « contrôleur des pommes de terre » pendant la guerre. Quelles étaient la part d’invention et la part de vrai dans les histoires de Belcher, difficile à dire, mais celle-ci était bien bonne : il avait une quarantaine ou une cinquantaine d’années quand la guerre éclata, et la planque qu’on lui avait offerte au ministère de la Guerre ne l’intéressait pas. Un soir qu’il dînait avec une haute personnalité, la conversation vint sur les pommes de terre, qui constituaient effectivement un gros problème pendant la guerre de 1914-1918 : autant que je me rappelle, elles disparurent très vite. Je sais qu’à l’hôpital nous n’en avions jamais. Que cette pénurie fût entièrement due à la gestion de Belcher, je ne saurais l’affirmer.



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